Depuis, entre autres, l’ouvrage de l’anthropologue Philippe Descola, Par-delà nature et culture, les rapports de l’homme à la nature sont réinterrogés. Lui-même produit de l’évolution, l’être humain est en outre accusé de menacer la planète entière par l’exploitation qu’il en fait : suite logique du capitalisme global sans plus d’opposant, des colonisations et même de la philosophie du sujet purement humain de Descartes, l’anthropocène est abordé par les essayistes comme par les auteurs de fiction, depuis des écritures quasi documentaires aux imaginaires les plus débridés (et, pour ce dernier cas, de la pastorale au post-apocalyptique). Les inquiétudes actuelles peuvent-elles éclairer d’un jour nouveau ce thème de la nature que l’Antiquité déclinait déjà, et que les romantiques ont marqué de façon singulière jusqu’à ce XXIe siècle ? Entre chaos et cosmos, l’être humain, arpenteur, voyageur, admiratif, rêveur et exploitant, semble avoir autant langui après une appartenance très physique à la terre, aux mers, à la faune, voire à la flore, qu’il a espéré prendre appui sur elles pour mieux les transcender. Ces séminaires, qui regroupent des enseignants-chercheurs de plusieurs universités de trois pays, seront l’occasion de comprendre combien et comment les sensibilités littéraires ont toujours lié en termes esthétiques cette relation à la fois intime et monstrueuse - dans les lignées de l’écopoétique, de la zoopoétique, des humanités environnementales et de l’épistémocritique.
L'humain devant et dans la nature
2021.10.27.
Séminaires doctoraux organisés par Anikó Ádám (Université Catholique Pázmány Péter) et Catherine Grall (Université de Picardie Jules Verne, Amiens)